Le récit de vie transgénérationnel
Bonjour à toutes et à tous,
L’équipe de Généasens vous présente ses meilleurs vœux pour 2019. Cette première newsletter de l’année 2019 est consacrée au récit de vie transgénérationnel et à la naissance dans le champ de l’analyse transgénérationnelle d’un nouvel outil appelé Commemoria que pourront utiliser dorénavant les praticiens, mais aussi les personnes soucieuses d’explorer individuellement, de transmettre et de partager de façon autonome leur histoire familiale.
Le récit de vie transgénérationnel
L’analyse transgénérationnelle propose à l’individu d’explorer sa généalogie, d’identifier les traumatismes non digérés, les tâches inachevées, les deuils non faits et les secrets de famille de ses ancêtres, mais aussi de pouvoir se représenter les différents contextes (sociologiques, historiques, philosophiques, etc.) dans lesquels les évènements se sont déroulés.
Ce processus repose sur l’utilisation de différents dispositifs (le génosociogramme par exemple), qui permettent une investigation fouillée de l’arbre familial. Pouvoir nommer « l’impensé généalogique » permettra de transformer le symptôme en symbole et le passé ancestral resté en suspens dans l’inconscient pourra rejoindre l’histoire de l’individu et de sa famille. Réaliser ensuite le récit de cette histoire familiale revisitée, ce que l’on y a perçu, deviné, découvert et conscientisé complètera le processus d’intégration transgénérationnelle.
Dans cette newsletter trois auteures nous proposent différentes définitions du récit de vie.
Pour Marichela Vargas, Docteur en psychologie chargée de la formation théorique sur le récit de vie à l’Université Catholique de Louvain, le récit de vie a une signification particulière selon la discipline qui l’aborde: en littérature, en histoire, en philosophie, en psychologie, en journalisme ou en sociologie et ne relève pas nécessairement de la même pratique dans ces différents champs.
Pour Simone Cordier, psychanalyste et directrice de l’Institut Généapsy, raconter l’histoire familiale de son « point de vue », tout en respectant « la réalité historique dans son contexte » restaure une dignité familiale : l’imagination confère une distance qui permet de sortir du tragique de répétition pour accéder au récit de l’épique. Le récit de vie transgénérationnel consiste à « ravauder » les histoires trouées, à broder de nouveaux motifs, à restaurer des portraits abîmés et relever des mythes effondrés.
Pour Marion Rollin, analyste transgénérationnel, psychogénéalogiste et animatrice d’ateliers d’écriture transgénérationnels, le roman familial implique d’arrêter de parler « sur » un personnage mais bien de raconter les aventures de celui-ci qui se démène au sein d’un système familial et d’une époque.
Commemoria: un outil innovant pour réaliser et transmettre des récits de vie
Comme nous vous l’avions déjà signalé dans notre précédente newsletter, un groupe de personnes issues de différents champs professionnels (dont des membres de l’Institut Généapsy et du Jardin d’idées) s’est réuni à Mons en Belgique le 12 juillet 2018 afin de valider l'utilisation de l’application Commemoria et le contenu d’une formation pour les différents types d’accompagnements et d’utilisations de cet outil innovant.
Après une présentation du concept et des différentes fonctionnalités de l’application, les participants étaient invités à tester toutes les possibilités d’utilisation de Commemoria en réalisant un récit sur leur propre vie, sur la vie d’un personnage familial ou sur un personnage de leur choix. Pour cela, les personnes présentes avaient été invitées à amener quelques documents nécessaires à l’élaboration des différents récits chronologiques et multimédias (photos, fichiers audios, objets à photographier, liens vers des vidéos, etc.). Les possibilités collaboratives de l’application et des documents contextuels trouvées sur internet) ont aussi été utilisés pour enrichir le contenu des récits. Les participants ont tous manifesté avec enthousiasme leur intérêt de pouvoir l’utiliser dans leurs champs professionnels respectifs.
Une première formation dédiée à former des accompagnants au récit de vie transgénérationnel mais aussi à d’autres types d’accompagnements via le récit de vie multimédia sera organisée à Mons en Belgique les 16 et 17 février.
Nous vous offrons la possibilité de tester gratuitement l’application Commemoria. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces fonctionnalités de l'application, vous pouvez consulter le mode d'emploi de celle-ci. Toujours dans l’esprit participatif qui caractérise Généasens, nous vous invitons à collaborer à l’amélioration de cet outil et à nous faire part de vos remarques et suggestions dans l’optique d’une utilisation spécifique de ce nouveau support dans le champ de l’analyse transgénérationnelle.
Bonne lecture,
Cordialement à toutes et à tous,
Pierre RAMAUT
Coordinateur de Geneasens
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Dictionnaire
Le récit de vie par Marichela Vargas
Un récit de vie est la narration qu’une personne fait des événements de sa vie. Il s’agit actuellement d’une pratique très courante dans notre milieu socio-culturel : les gens aiment faire leur récit de vie, ils apprécient de recueillir les récits de vie des autres, des rayons consacrés aux récits de vie prennent une place croissante dans les librairies, des chercheurs en sciences humaines et sociales utilisent le récit de vie comme méthodologie de recherche, des psychologues et d’autres intervenants psycho-sociaux se servent du récit de vie comme méthode d’intervention.
Le récit de vie transgénérationnel par Simone Cordier
Ecrire son histoire transgénerationnelle permet d’intégrer son processus transgénérationnel. L’institut en fait l’objet d’un « mémoire ».Ce travail d’écriture se situe entre « ici et maintenant » et « il était une fois », entre la fiction et la réalité historique. Le récit s’inspire du factuel, du contexte psychosocial de l’époque et des régions étudiées, des événements historiques collectifs et du « roman familial ». L’auteur puise dans la « mémoire sans souvenirs » des récits démodés d’avant sa naissance pour exprimer les traumatismes qu’il n’a pas vécus et qui « hantent » des pans de son Moi. Raconter l’histoire familiale de son « point de vue », tout en respectant « la réalité historique dans son contexte » restaure une dignité familiale : l’imagination confère une distance et nous permet de sortir du tragique de répétition pour accéder au récit de l’épique.
Histoire familiale et roman familial par Marion Rollin
Écrire c’est créer de la vie. Lorsque je lis une histoire, je cherche à ce que les paysages, les personnages, leurs goûts, leurs gestuelles, leurs habitudes, les émotions… me traversent. Je veux repartir augmentée de l’expérience d’un autre pour élargir ma vision du monde.Cela marche quand le texte est honnête, c’est à dire quand l’auteur exprime en vérité ce qui le traverse lui, au moment où il écrit la scène, qu’il s’agisse d’un souvenir ou d’une fiction.Écrire de façon littéraire, c’est à mon sens, aller vers la simplicité de l’émotion, de l’image, montrer les choses, ne pas chercher à les expliquer, en atelier d’écriture on parle de montrer la vie, surtout ne pas dire la vie. Être concret, terre à terre. Ce sera le travail du lecteur de comprendre la signification de ce qui est montré, c’est ainsi qu’il pourra s’approprier l’histoire, librement avec sa singularité : on parle là du pacte littéraire entre l’auteur et le lecteur.
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Références
Carré 35 par Éric Caravaca
L'acteur Éric Caravaca remonte le fil de son histoire familiale en quête de vérité sur le tabou entourant la mort d'une soeur qu'il n'a jamais connue.
"Carré 35 est un lieu qui n’a jamais été nommé dans ma famille ; c’est là qu’est enterrée ma sœur aînée, morte à l’âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m’a rien dit ou presque, et dont mes parents n’avaient curieusement gardé aucune photographie. C’est pour combler cette absence d’image que j’ai entrepris ce film. Croyant simplement dérouler le fil d’une vie oubliée, j’ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j’ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes."
Bons baisers de la colonie de Nathalie Borgers et Delphine Dupont
En 1926, Suzanne naît de l'union entre un administrateur territorial belge et une femme rwandaise. A l'époque, ces unions sont sanctionnées par le pouvoir colonial. A l'âge de 4 ans, son père embarque Suzanne vers la Belgique pour qu'elle y reçoive une éducation européenne. Elle est ce qu'on appelle alors « une mulâtresse sauvée d'un destin nègre ». Suzanne est ma tante. Son père est mon grand-père. Pourtant, je n'ai appris son existence qu'à 27 ans. Ce film vient rompre le silence qui a pesé sur ses origines, au croisement de l'histoire familiale et de l'Histoire coloniale…
Ces liens invisibles de Marine Billet
Trois personnes partent à la recherche des secrets de leur famille, pour tenter de reprendre leur destin en main.
Tourné sur 3 saisons, ce film, sensoriel, symbolique et esthétique, montre qu'il est essentiel de s’approprier sa juste place dans une famille pour retrouver sa place dans la vie.
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Agenda
18/01 Transgénérationnel et psychogénéalogie analytique
Formation organisée par Lydie Poisson — Cherbourg en Cotentin, France
22/01 Les causeries du Livre Ouvert: Psychogénéalogie et récit de vie
Conférence organisée par Chrysalide Ardennes — Charleville Mézières, France
16/02 Le récit de vie transgénérationnel
Formation de 2 jours consacrée au logiciel Commemoria — Mons, Belgique
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