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Les fantômes de la première guerre mondiale

A toutes et tous bonjour,

Le mardi 14 janvier dernier, la Radio Télévision Belge Francophone a diffusé un reportage sur le film d'André Dartevelle, « Trois journées d'août 1914 : les murs de Dinant » durant son journal télévisé (voir à 24:50 sur la vidéo). Ce documentaire évoque la mise à sac de la ville de Dinant, en Belgique, par l’armée allemande, en août 1914 et au martyre de sa population civile qui est resté gravé dans la mémoire locale qui en transmet les récits tragiques de génération en génération. André Dartevelle signe un sobre et émouvant diptyque sur le massacre de civils belges dans les débuts de la Première Guerre mondiale. Mémoire familiale, transmission, pardon ou réconciliation sont quelques-uns des thèmes traités finement dans ce film.

Je remercie le réalisateur du film et les journalistes qui ont eut le mérite d’attirer l’attention du grand public sur ces répétions des traumatismes liés au massacre de Dinant.J’ai surtout été très touché par l’émotion des différents témoins interrogés dans le reportage du journal télévisé et j'ai été ému par le désarroi de ces personnes qui se sentent toujours impliquées, pour ne pas dire menacées, par les conséquences des massacres de Dinant et qui semblent se sentir exposées à une fatalité inéluctable, contre laquelle il n’y aurait rien à faire, sinon constater et accepter passivement cette sorte de malédiction venue du passé et de la grande guerre.

Fort heureusement il y a bien quelque chose à faire !

C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire un article afin de tenter de faire passer le message au grand public, qu’une théorie solidement étayée, mais malheureusement encore trop peu connue, celle de la psychanalyse transgénérationnelle, habituellement plus connue sous le nom de « psychogénéalogie », existe et progresse régulièrement pour rendre compte de ce phénomène surprenant, souvent inquiétant, qu’est la transmission inconsciente au fil des générations, des traumatismes, des secrets , des tâches inachevées, des deuils familiaux non faits, etc. J’ai aussi souhaité faire savoir que plusieurs stratégies thérapeutiques et plusieurs outils cliniques fiables existent pour aider les personnes, souvent en grandes souffrances, et qui sont porteuses, sans le savoir et sans le comprendre, de ce que nous appelons dans notre communauté des « fantômes transgénérationnels ».

Les dates anniversaires sont des signifiants très puissants et comme pour le genre humain les cycles de 100 ans sont très symboliques, ils doivent être pris en compte dans la compréhension de certains processus psychologiques inconscients. C’est pourquoi, à la veille des commémorations qui se préparent, pour le centenaire de la guerre 14-18, il est plausible que les « fantômes » de la grande guerre remontent du passé, dans les familles où les drames vécus par les aïeux non pas été suffisamment élaborés et métabolisés. Paradoxalement, ce retour des fantômes de la première guerre peut être une réelle opportunité pour aider les familles qui sont toujours actuellement impactées par cette violence de l’histoire.

Pour nous qui sommes avertis, il sera très important que nous soyons attentifs à la manière dont seront menées et ritualisées ces commémorations, pour qu’elles conservent leur fonction essentielle liée au devoir de mémoire, mais aussi leur fonction indispensable de symbolisation, de réparation et même de guérison des deuils individuels et collectifs parfois inachevés depuis plusieurs générations. Cet article est plutôt destiné à un public non averti sur la transmission transgénérationnelle et je vous invite donc à le faire circuler largement auprès de vos relations, car nombreuses sont les personnes concernées et qui l’ignorent encore.

Bien cordialement à toutes et tous,

Pierre Ramaut
Coordinateur de la communauté Généasens

Dictionnaire

Les fantômes de la première guerre mondiale par Pierre RAMAUT

La ville de Dinant en Belgique est l'une des villes les plus durement touchées par les atrocités allemandes en 1914. Dans la nuit du 21 au 22 août, des cavaliers allemands s’engagent dans Dinant non défendue et mettent le feu aux habitations. Dans la journée du 22 août, 2500 civils tentent de fuir derrière les lignes françaises. Le 23 août, les Allemands, suspectant de compter dans la population dinandaise des francs-tireurs, rassemblent un grand nombre d'habitants qu'ils fusillent. On recense 674 hommes, femmes et enfants passés par les armes lors de ce massacre et plus d'un millier d'habitations incendiées. Si les fusillés sont en grande majorité des hommes, les Allemands ne font pas le tri. Des vieillards, des femmes et même des enfants seront passés par les armes.

« Ma mère à l’époque avait 13 ans, (…), C’est curieux dès que j’aborde ce sujet, j’ai du mal à me contrôler, alors qu’il y a pratiquement 100 ans, c’est absolument fou ça ! … elle a été à la recherche de ses grands-parents maternels, elle les a retrouvés dans leur jardin, ils avaient été décapités. (Silence) Le grand-père d’abord et puis la grand-mère. Elle a conclu que c’était le grand père d’abord puisque la grand-mère couvrait le corps de son mari avec une couverture quand elle a été décapitée. »

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Documentaire

Trois journées d’août 1914 par André Dartevelle

Trois journées d’août 1914 est un film en deux volets sur la mémoire des atrocités allemandes du début de la Grande Guerre en Belgique.

Les murs de Dinant

Dans le 1er volet, sept "témoins" se souviennent des grands massacres de civils des 23, 24, 25 août 14, commis dans la ville par les troupes allemandes. Ils sont les descendants des familles victimes, ils racontent leur histoire familiale broyée par la tragédie, un héritage qui passe de génération en génération. Leurs récits révèlent les traces profondes que ces  crimes contre l'humanité ont laissées, d'autant plus vives qu'aucune justice n'a sanctionné les coupables. Longtemps, la légende des francs-tireurs belges a servi de justification aux autorités et aux historiens allemands. A Dinant, une délégation officielle allemande a reconnu les faits en 2001 et demandé le pardon, mettant un terme au ressentiment, mais la mémoire douloureuse persiste. 

Les villages contre l'oubli

Dans le 2ème volet, le film explore les traces vivaces des massacres allemands du mois d’août dans plusieurs villages gaumais de la province belge de Luxembourg. Le souvenir des tueries et des incendies hante encore la population de deux villages, Ethe et Latour. Chaque année, elle assiste aux cérémonies où cent ans après, l'impunité des tueurs, le refus de reconnaître les faits sont publiquement dénoncés par leur curé dans ses homélies. Des rebondissements  se produisent à l’approche du centenaire d’août 1914, le ton monte... Mais la bonne surprise viendra de l’Allemagne.

 
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